Publié le : 31 janvier 2022 - Modifié le : 31 janvier 2022

Etat des lieux du recrutement en pharmacie début 2022

Dans cet article nous exposerons le contexte actuel. Nous essaierons de comprendre les raisons de la pénurie de diplômes en pharmacie. Nous évoquerons les raisons d’espérer. Et nous aborderons le sujet du recrutement des diplômés et les alternatives envisageables en officine.

 

Le contexte de l’emploi en pharmacie

La crise sanitaire liée au covid a révélé, accentué, exacerbé des tensions sur le marché de l’emploi dans beaucoup de secteurs d’activité. La pharmacie d’officine n’y échappe pas.

Nous constatons une pénurie de personnel qualifié (pharmaciens et préparateurs en pharmacie). Cette pénurie est sous-jacente au contexte actuel. Nous y reviendrons.

Aujourd’hui, les différentes missions confiées aux pharmacies telles que les vaccinations (grippe et covid), la réalisation des tests antigéniques et tout l’accompagnement de la patientèle durant cette période exceptionnelle mettent sous pression les équipes officinales.

Des collaborateurs sont malades, d’autres sont au bord de la rupture, certains n’ont pas voulu se faire vacciner. Ce sont donc des personnes en moins dans les pharmacies.

Certaines maladresses des pouvoirs publics ont accentué un manque de reconnaissance déjà existant et ont déclenché  des envies de reconversion. Nous pensons par exemple à l’absence de dotation de masques pour les préparateurs et préparatrices en début de crise sanitaire.

Enfin, les nouvelles missions monopolisent et ont monopolisées un certain nombre de personnes qui habituellement étaient disponibles pour des remplacements ou des CDD. 

Étudiants en pharmacie ou pharmaciens remplaçants ont par exemple cruellement fait défaut durant l’été 2021. Beaucoup d’entre eux vaccinaient ou testaient dans des centres dédiés.

Mais les origines de la pénurie sont antérieures à la crise sanitaire actuelle.

 

Les raisons de la pénurie de pharmacien et de préparateur en pharmacie

Commençons par les préparateurs et préparatrices en pharmacie.

Un état des lieux précis, exhaustif est difficile à effectuer. Il n’existe en effet pas ou peu de recensement des préparateurs en pharmacie.

L’OMPL (Observatoire des Métiers dans les Professions Libérales) annonçait 62 000 préparateurs en pharmacie en 2012.

Le Quotidien du Pharmacien avançait un chiffre de 60 000 en 2019.

En nous basant sur nos lectures et nos échanges avec les personnes concernées, nous constatons que beaucoup de préparateurs et préparatrices changent de voie au bout de plusieurs années. Il y a peu, une préparatrice avec 20 ans d’expérience nous expliquait qu’elle était la dernière de sa promotion à travailler en pharmacie.

Pourquoi ?

Les préparateurs et préparatrices en pharmacie sont une population qui ne se sent globalement pas suffisamment considérée. Que ce soit d’un point de vue financier mais aussi au niveau de la reconnaissance du travail fourni. Le problème de la dotation des masques en est l’exemple parfait. En 2012, l’OMPL annonçait que «14 % des préparateurs déclarent vouloir quitter la branche des pharmacies d’officine alors que les pharmaciens adjoints ne sont que 7 % à le souhaiter. »

D’autre part, certaines années les centres de formation peinent à compléter les classes faute de maîtres d’apprentissage.

Enfin, on peut aussi avancer le fait que le métier de préparateur en pharmacie est peu connu chez les adolescents qui pourraient prétendre à un apprentissage.

Découvrez notre espace apprentissage : https://www.team-officine.fr/apprentissage-pharmacie

 

Venons-en aux pharmaciens d’officine.

Ici les données sont documentées par l’Ordre des Pharmaciens. http://www.ordre.pharmacien.fr/Communications/Elements-demographiques

Intéressons-nous au nombre de pharmaciens exerçant dans les officines, qu’ils soient titulaires ou adjoints / assistants.

Nous avons donc compilé le nombre de pharmaciens inscrits à l’Ordre des pharmaciens sur les sections A (titulaires) et D (adjoints).

 

AnnéeSection ASection DTotal Pharmaciens
201527 12027 91055 030
202025 51827 96653 484

Nombre de pharmaciens inscrits par section d’après le Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens

 

En 5 ans, nous constatons que 1 546 pharmaciens ont disparu des pharmacies.

Certes, il y a également eu des fermetures d’officines durant cette période mais la patientèle au niveau national n’a pas pour autant diminué. Elle s’est naturellement répartie dans les autres officines. Entraînant par la même occasion un besoin équivalent en diplôme.

Il est à noté que sur la même période de 5 ans, la population a augmenté de plus 600 000 personnes (https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277615?sommaire=4318291) , avec des âges moyen et médian qui augmentent (https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381476)

Partons également du principe que les nouvelles missions confiées aux pharmacies, telles que les entretiens et la vaccination nécessitent du temps “pharmaceutique”. Rajoutons à cela une difficulté à recruter des préparateurs. Nous constatons alors que certaines pharmacies embauchent préférentiellement des pharmaciens à la place de préparateurs. Creusant ainsi le déficit en pharmaciens.

Continuons à remonter à la source pour arriver aux facultés de pharmacie.

La filière industrie semble avoir attiré plus d’étudiants au cours des 10 dernières années. La filière officine a subi quant à elle une certaine forme de désaffection.

Les étudiants étant plus facilement attirés par les métiers, les salaires et les perspectives d’évolution de l’industrie pharmaceutique… même si un certain nombre d’entre eux reviennent en officine après quelques années.

D’autre part, l’augmentation du numerus clausus ne suffit pas à compenser la diminution du nombre d’inscrits à l’Ordre des pharmaciens.

En 10 ans le Numérus Clausus est passé de 3 090, en 2010, à 3 265 places en 2020.

Sur la même période l’écart entre  le nombre de nouveaux inscrits et le numerus clausus en vigueur à l’entrée de la formation passait de -118 à -1158. Écart qui se creuse d’année en année. (NB : données toutes sections confondues)

 

Des raisons d’espérer !

Pour les préparateurs en pharmacie.

La formation des préparateurs en pharmacie est en train d’évoluer vers une universitarisation. Au moment où nous écrivons ces lignes, certaines académies l’ont déjà mise en place, d’autres vont les rejoindre à la rentrée.

Le futur semble donc plus intéressant pour les préparateurs en pharmacie qui vont voir leur diplôme réévalué, avec à priori la possibilité de faire une 3ème année de spécialisation.

Pour en savoir plus, nous invitons à consulter notre article sur l’universitarisation d’un parcours de formation.

 

Pour les pharmaciens d’officine.

La filière officine retrouve de l’intérêt auprès des étudiants en pharmacie depuis quelques temps.

Les raisons à cela : 

  • une profession qui évolue vers plus de services pour le patient, plus d’accompagnement,
  • un métier revalorisé avec le contexte de la crise sanitaire,
  • des étudiants qui ont eu le sentiment d’avoir joué un rôle durant cette crise en travaillant dans les pharmacies ou dans les centres de dépistages ou de vaccination,
  • une accession au titulariat qui devient plus facile grâce aux différentes aides.

Découvrez linterview de Valentin Legrand, ex Vice-Président en charge des perspectives professionnelles au sein de l’ANEPF.

 

Que faire pour recruter ?

  1. Dans un contexte de pénurie, vous devez être visible. Les candidats doivent savoir que vous êtes en période de recrutement. Ils n’ont plus besoin de se rendre visible. Ce sont eux qui font le 1er choix, comme vous le faisiez il y a quelques années en consultant les CV que vous aviez sous la main.
  2. Il est donc important de rédiger une offre d’emploi complète et ne plus se contenter de : “Pharmacie de l’église recrute pharmacien temps plein.”

Il faut vous mettre dans une posture de recruteur et rédiger une offre détaillée et attractive.

Nous vous conseillons de suivre ces 3 étapes pour essayer d’être le plus complet possible :

  • La présentation de votre pharmacie
  • Les missions du futur collaborateur
  • Les attentes des candidats (conditions de travail, équilibre vie pro/ vie perso, rémunération, responsabilités accordées)

Pour vous aider, nous avons rédigé un article (à paraitre prochainement) et nous avons également fait une vidéo que vous pouvez visualiser ci-dessous.

Rédiger une offre d’emploi complète et efficace – Team Officine, recrutement en pharmacie

 

Quelles sont les alternatives ?

Vous avez un impératif auquel vous ne pouvez pas déroger : le nombre de diplômés pharmaciens en rapport avec votre chiffre d’affaires.

Une fois que cette condition est remplie, si vous n’arrivez pas à recruter un pharmacien ou un préparateur en pharmacie, vous pouvez réfléchir à d’autres alternatives.

En effet, beaucoup de tâches effectuées en officine ne nécessitent pas forcément un diplôme de pharmacien ou de préparateur.

Beaucoup de tâches sont d’ordre : 

  • administratif,
  • de gestion des stocks,
  • de merchandising, de vente, 
  • de services divers à la clientèle, 
  • de communication,
  • ou tout simplement de gestion d’une entreprise avec des ressources humaines et du management.

Nous pouvons vous aider sur ce point.

N’hésitez pas à prendre contact avec nous.

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